On connaît Romeo Castellucci comme bâtisseur d’images sublimes, construisant sur scène des tableaux fascinants et énigmatiques qu’il appartient au spectateur de décrypter. Si l’on devait tenter de décrire son travail, on pourrait énumérer les caractéristiques suivantes : de larges espaces scéniques, une grande beauté plastique, des corps et des machines, un temps qui s’étire et met le plateau et le spectateur en tension, une prédilection pour le sous-texte, et une inlassable mise à l’épreuve des fondements de nos sociétés et cultures.
Pour cette nouvelle création, Romeo Castellucci expérimente une toute nouvelle forme scénique. Chaque soir, un groupe différent de 23 interprètes non-professionnels** monte sur scène sans indication de ce qu’il va jouer. Pour chaque homme, un uniforme de policier américain des années 40 et une oreillette par laquelle il reçoit des instructions. Avant de monter sur scène, chacun se sera engagé à obéir à ces ordres sans en saisir le sens. « Une expérience d’aliénation », comme la décrit le metteur en scène. Entre burlesque et épouvante, les situations a priori anodines qui envahissent le plateau sont autant de questions sur le système hiérarchique (quel qu’il soit), l’obéissance et le libre arbitre, le théâtre et la politique. Et BROS s’annonce, comme toujours chez Castellucci, labyrinthique, sidérant et dérangeant.