Déserteur de l’armée bosniaque, arrivé en France en 1992 sans connaître un mot de français (ou presque), Velibor Čolić a fait de la langue française son refuge. Se qualifiant sans fausse modestie et à raison de Hemingway des Balkans et de plus grand poète lyrique de Yougoslavie, il reste malgré tout, encore et toujours, un réfugié. Dans son dernier ouvrage, Manuel d’exil, il raconte tantôt avec ironie, tantôt avec tristesse, une dizaine de souvenirs et autant de moments de solitude où il se cogne contre le système, les autres, lui-même. Un récit qui décrit sans apitoiement, mais aussi sans fard, l’impitoyable condition des réfugiés.
Maya Bösch, artiste associée au Manège, confie ce texte à l’immense comédien Jean-Quentin Châtelain qui, seul en scène, prête son corps et sa voix si singuliers à la langue rythmée de Velibor Čolić. Un monologue dense et intense, pour lequel Maya Bösch annonce « des ambiances obscures, du vide, de la vastitude et de la solitude, des chocs puissants aveuglants et surprenants ».