C’est sans aucun doute l’un des metteurs en scène le plus passionnants d’aujourd’hui. Depuis un peu plus de dix ans, Julien Gosselin sonde dans des spectacles souvent fleuves les tréfonds de l’âme humaine, en croisant la puissance de la littérature et la force du cinéma. Pour la première fois, il s’attaque ici à un texte plus ancien, mû par son désir d’évoquer une société finissante, sa colère contre une certaine vision du théâtre. « Un adieu critique et sincère à l’humanité et à l’académisme. » Sur les conseils du traducteur André Markowicz, il se tourne vers l’écrivain russe Léonid Andreev, dont il malaxe ici plusieurs pièces. « Jamais je n’avais eu une telle impression de fraternité avec un auteur disparu depuis si longtemps », écrit-il.
On retrouve dans Le Passé son dispositif-signature : les acteurs sur le plateau sont filmés par un cadreur œuvrant à vue, les images projetées sur grand écran, diffractant le récit, multipliant les pistes en exerçant un inévitable pouvoir de fascination. Porté par une bande-son énergique, jouée en direct, Le Passé se penche sur la fin d’un monde, des arts qui le racontent, et la nécessité de tout réinventer.