À partir du printemps 2023, Yeung Faï et Jan Vanek recréent ensemble The Puppet-show man en Hongrie. Une reprise pour ce spectacle qui marque le parcours de Yeung Faï, marionnettiste virtuose. Une production déléguée du Manège.
Sylvia Dubost
Maître de la marionnette chinoise à gaine, Yeung Faï se sert des contes pour raconter l’histoire, avec un grand et un petit h. Après Le rossignol et l’empereur d’Andersen, il reprend The Puppet-show man, en associant cette fois-ci Jan Vanek, un musicien globe-trotteur qui assure une partition live.
« Je suis né dans un théâtre », raconte Yeung Faï. C’était en 1964, à Zhangzhou, au sud de la Chine, en face de Taïwan. Son père est un maître de marionnettes, héritier d’une longue dynastie. Un art qui lui vaut l’admiration mais précipitera sa chute. En 1968, Yeung Sheng est accusé d’être une « autorité académique réactionnaire » et un « membre de la bande noire », interné dans un camp de travail où il meurt en 1970. Un traumatisme pour le jeune Faï, de toute évidence.
Je suis né dans un théâtre
Toute son œuvre en porte les traces, plus ou moins évidentes, pour qui sait y prêter attention. « Les marionnettes ont été brûlées, se souvient-il. Avec mon frère, qui a quinze ans de plus que moi, nous n’avons pu en sauver que quatre ou cinq. » C’est son frère qui, formé par leur père, l’initiera désormais à l’art de la marionnette. Faï sculptera sa première poupée à l’âge de 6 ans et en fait son métier dès l’âge de 14 ans. Depuis le début des années 2000, c’est en France qu’il en créé la plupart de ses spectacles. En 2004, on le voit ainsi dans La neige au milieu de l’été de Guân Hanging, très beau poème chinois adapté par Grégoire Callies, directeur du Théâtre Jeune Public de Strasbourg, et qui met en scène une vingtaine de marionnettes dont il supervise la fabrication.
Le public est frappé par sa virtuosité, touché par la finesse, avec laquelle il raconte des histoires simples, des histoires du quotidien, et revisite la sienne pour que le monde n’oublie jamais. « Ce n’est pas un travail pour moi, c’est ma vie. Chaque fois que j’ai envie de parler, je le fais par la création. »
The Puppet show man #2 à redécouvrir le 21 octobre à Éclaibes