Entre le Manège et Gurshad Shaheman, c’est d’abord une rencontre. Ensuite, une envie d’accompagner son travail, de le partager avec le public. Après plusieurs spectacles présentés à Maubeuge, d’autres créations nous attendent. Portrait.
Sylvia Dubost
Les débuts Comme souvent, ça démarre au lycée, où Gurshad Shaheman s’inscrit à l’atelier théâtre à cause d’une prof de français « [qu’il] aimait énormément », d’une timidité qu’il cherche à vaincre et pour améliorer son français (il est arrivé en France depuis trois ans). Il imagine plutôt suivre les traces de son père ingénieur et s’inscrit en Math Sup. Un garçon comédien-metteur en scène rencontré dans un festival le fait chavirer : Gurshad passe le concours du Conservatoire, est reçu à Toulon, s’inscrit en fac de lettres puis à l’Erac (école régionale d’acteurs de Cannes et Marseille). « Quand j’ai passé mon bac, j’avais 17 en math, en physique, en philo, j’ai passé le théâtre en candidat libre et j’ai eu 8/20 : je n’ai pas suivi la voie de raison... ».
Chaque projet doit être un nouveau défi, je fabrique des objets avec les armes que j’ai forgées.
Son métier « Le théâtre, c’est énormément de labeur et d’acharnement. » Gurshad Shaheman l’envisage comme un artisan : « Chaque projet doit être un nouveau défi, je fabrique des objets avec les armes que j’ai forgées, et je dois perfectionner sans ces
se mes outils ».
Sa signature Dans des scénographies sans esbrouffe, se déploient des récits d’exils, de séparations, de renaissance, libres mais tout en retenue, où la parole retravaillée devient poétique. « Avant de faire du théâtre, je fabrique de la littérature ». Son théâtre tient de la performance mais revendique l’héritage littéraire du récit intime : « Proust, Guibert, Annie Ernaux, Lagarce... ». S’il a démarré son parcours de metteur en scène avec un récit autobiographique, il travaille de plus en plus avec des amateurs.
L’émotion « J’aime bien fabriquer des machines qui travaillent l’émotion ». C’est le meilleur moyen de raconter cette histoire.
C’est quoi, le théâtre ? « Un endroit de prise de conscience peut-être. Rendre la question palpable, c’est là l’enjeu. Quand on vit la chose de l’intérieur, on peut la comprendre ». Au happy end, il préfère la « salvation ». Le spectateur assiste à des événements terribles, « mais quand même on lui donne le sentiment que l’amour nous sauvera ».