Publié le 27 juin 2023

Quand Nora Granovsky rencontre Janis (Joplin)

Pearl ou Me and Bobby McGee : des chansons et une voix qui résonne pour beaucoup d’entre nous et sans doute toute une génération. Pour Nora Granovsky, c’est la musique, c’est la chanteuse, l’idole, la femme, l’adolescente, un destin. Nora Granovsky signe aujourd’hui le texte et la mise en scène de Janis, une production déléguée du Manège.

Sylvia Dubost


Les débuts Adolescente, Nora Granovsky passe ses mercredis à la Comédie Française. En terminale, une prof « extra » les met en « immersion au théâtre toute l’année  ». Elle s’ouvre au théâtre contemporain, à la mise en scène. « J’ai pris conscience que cela pouvait être un choix ».

Sa formation À l’École du Passage avec Niels Arestrup. « Lors d’une séance de travail, il m’a révélé que la place de regard extérieur était pour moi ».

Les rencontres « Georges Banu - qui dirige son master d’études théâtrales, croyait en moi, me soute­nait. On avait des discussions très intenses sur les auteurs sur lesquels on travaillait. René Gonzalez - directeur du théâtre de Vidy Lausanne - et Luk Perceval, metteur en scène en chef du Thalia à Hambourg. » Ils ont nourri le « désir de créer, le défi de me mettre en danger, d’être dans l’intuition ».

Sa signature « Des thématiques d’utopie, une énergie, un tempo, une esthétique... Ce sont les gens qui me le disent. Ça ne m’intéresse pas d’être dans l’analyse de mon travail ; je préfère être dans le faire ».

Janis et la beat generation « Ça me constitue. Ce sont des choses auxquelles je crois, c’est ma philosophie. Jack Kerouac écrivait : les seuls êtres intéressants sont pour moi les déments, ceux qui sont assez dingues pour vivre, illuminés quand ils parlent, déjantés pour ne pas sombrer, désireux de tout en même temps, ceux qui jamais ne baillent et ceux qui brûlent brûlent brûlent comme les fabuleuses chandelles jaunes romaines qui explosent à travers les étoiles ».

Qu’incarne Janis Joplin ? « Janis incarne le paradoxe de l’Amérique, à la fois les grands espaces, où tout est possible, et de l’autre la puissance de la norme, la communauté, le racisme et la consommation à outrance. La Beat Generation s’est imposée contre ça, avec les armes de la poésie et de la musique. Elle pose aussi la question de l’intuition, de l’art brut, qui ouvre les portes de la perception. La vraie question est : qu’est-ce qu’on invente, en fait ? Pour Bob Dylan, l’important n’est pas de se chercher et de se trouver, c’est de se créer. Janis a essayé, et c’est ce que j’essaye de faire à mon niveau. Ce sera mon don à l’avenir. Mon rôle est d’être un passeur de cette façon de concevoir le monde. Être sur la route tout le temps, comme les poètes de la Beat Generation, c’est aller à la rencontre de l’autre. Et aujourd’hui, mon dieu que c’est important, quand on voit la place que prennent la haine et le pouvoir de l’argent… ».


Janis à voir ou à revoir le 17 avril à Aulnoye-Aymeries.